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22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 07:47

 

Mulier tacit …

 

 

J’ai rencontré Hugo Vanmeer alors qu’il était professeur à la Faculté de Droit. A cette époque, une matière importante était le Droit Romain. Depuis, j’ai entendu tout un  tas de réflexions stupides sur l’inutilité totale qu’il y avait de farcir les cerveaux des jeunes étudiants de notions totalement périmées. Mieux valait, poursuivait-on, se pencher sur des matières plus directement nécessaires, comme le droit du travail et la législation financière.

J’ai renoncé à participer à cette polémique. Cependant, mettre en perspective deux mille années d’évolutions de la première construction logique occidentale de la loi, qui allait conditionner le développement du pourtour méditerranéen d’abord, de l’occident ensuite, et d’une grande partie du monde m’a toujours paru primordial. Vanmeer y excellait.

La Faculté de Droit avait toujours été un havre de sérieux et de bonne éducation par rapport à l’agitation brouillonne de la Faculté des Lettres, sise à deux pas, et qui ne s’était jamais remise des vapeurs de LSD de Mai 68. Dans celle-ci, on continuait à y construire en série des psychologues sans un gramme de bon sens, des sociologues que personne n’embaucherait jamais et des licenciés ès lettres qui ignorerait à jamais le moindre élément de grammaire, de conjugaison et de syntaxe. Par contre du Temple de la Loi, du moins le croyait-on, sortiraient des avocats à la rationalité précise, des magistrats rigoureux mais humains, des assureurs pleins d’idées, et quelques être épris d’ordre et de justice qui  deviendraient comme moi, des spécialistes de la Recherche  Criminelle. En fait, j’étais passé de la Police Nationale à un service discret dépendant des Nations Unies dont je ne peux pas dire le nom car il n’existe pas.

Un jour, je venais d’arriver à mon bureau à Genève, je reçus un appel téléphonique d’un ami de jeunesse que j’avais rencontré à l’Institut de Criminologie et qui était devenu  un des hauts responsables de la Brigade Criminelle.

—Salut, me dit-il. A quand remonte notre dernier déjeuner ?

—Deux ou trois siècles, il me semble.

—C’est bien ce que je pensais. Que dirais-tu si nous dînions ensemble ce soir ?

—Tu sais, Edouard, lui répondis-je, j’ai un petit boulot et un patron, et aussi quelques fers au feu.

—Pas de problème. Le factotum de mon ministre est en train de téléphoner à ton patron. Tu as juste le temps de rentrer chez toi, de faire la bise à ta femme et de sauter dans ta voiture.

—Ma voiture ?

—Tu n’as que cinq cents kilomètres à faire, et ici, tu en auras besoin. Ton hôtel est déjà retenu.

—D’accord, j’arrive. Mais que me vaut tout ces honneurs ?

—C’est toi qui connais le mieux Vanmeer et Flavant.

—Et alors ?

—Flavant est soupçonné d’assassinat.

—Sur qui ?

—Pas sur Vanmeer, je te l’aurais dit

C’est ce que je fis. On pourrait penser que ma femme aurait peut-être été ravie de venir avec moi. Elle ne m’en dit rien. Avec trois adolescents, deux garçons et une fille, à des stades divers de leurs études secondaires, il fallait qu’elle demeure sur place pour assurer la logistique du système, sans compter les élèves des cours de peinture et d’aquarelle qu’elle donnait. Sur la route vers le Sud, je me remémorais les circonstances dans lesquelles j’avais fait la connaissance des uns et des autres.

Vanmeer n’étais pas seulement un excellent professeur de droit romain, mais un des érudits les plus en vue en matière d’études latines. Il disait volontiers qu’il n’en avait aucun mérite car il était  passionné par tout ce qui concernait la Rome Antique, plus particulièrement impériale. Il lisait les auteurs latins et grecs dans le texte,  parlait et écrivait le latin sans difficulté. Sa bibliothèque personnelle consacrée à l’antiquité gréco-romaine était impressionnante. Il était l’auteur d’ouvrages faisant autorité sur le droit et la culture de la période. « L’apparition des prémisses des Droits de l’Homme dans le droit positif à Rome », mais aussi « Le Véritable Petronius  Arbiter »   sont de lui. Il ne faut pas oublier non plus les quelques romans mettant en scène Metellus Faber, une sorte de Juge Ti romain à l’époque de Néron.

J’étais, j’avais été plus exactement, car j’avais quitté la faculté pour me consacrer à la criminologie et la police technique, un de ses élèves préférés. Je n’étais pas un passionné comme lui, mais l’intérêt très important que j’avais porté à la matière qu’il enseignait avait éveillé son attention, alors surtout qu’il savait que je n’envisageais pas  une carrière de type universitaire. Vanmeer  avait une situation financière très confortable. Sa famille avait fait fortune dans le commerce de l’huile d’olives et au décès de ses parents, il avait hérité de placements et de biens divers. Son traitement de professeur agrégé de droit était loin d’être négligeable et il était largement augmenté par le produit de son ouvre écrite ainsi que par les honoraires des universités américaines où il donnait des conférences. Cela lui avait permis de faire restaurer et décorer une vieille propriété de famille sise à Puegriche, un hameau voisin, en fait un quartier dépendant de la ville où il exerçait. A l’origine elle s’appelait « Jas des Cyprès ». Vanmeer l’avait renommée : Villa Cupressea.

Je connaissais bien cette propriété. La demeure était une immense bastide de cinq cents mètres carrés sur trois niveaux. De plan rectangulaire, surmontée d’un toit à quatre pans, avec de belles ouvertures régulières enrichies d’encadrements  de pierre rose au XIXème siècle, on y accédait par un vaste perron bordé de fers forgés. Au dessus du perron un immense balcon, presque une terrasse, qu’on atteignait par l’intérieur ou un escalier extérieur dont la balustrade était également en fer forgé, donnait sur le grand salon du premier.

Vanmeer poussait son goût pour l’antiquité romaine jusqu’à organiser des fêtes deux fois dans l’année. En juin ou juillet, c’était, comme à Rome, l’Agon Capitolinus, qui donnait lieu à des concours de poésie et des concerts. La réception  se déroulait dans le parc. C’était là fête ouverte où plusieurs dizaines de personnes étaient conviées. Le 11 Octobre, par contre, était réservé à un happy few. C’étaient les Meditrinalia, la fête des vendanges. Selon le temps, le dîner avait lieu à l’intérieur ou à l’extérieur. La propriété n’avait pas de vignes, mais Hugo Vanmeer tenait à ce que l’on  goûtât les crus du terroir. J’étais régulièrement invité à l’une et l’autre soirée. Cela se poursuivit lorsque j’eus quitté la faculté pour d’autres recherches..

Cette année là, le 11 Octobre, il faisait un temps extraordinaire.  Une sorte d’été indien au goût provençal. Hugo nous accueillit avec le raffinement et l’enthousiasme qui lui étaient coutumier. Il était, comme à son habitude d’une élégance éblouissante grand, mince et grisonnant, vêtu d’un complet en velours bleu roi rendu encore plus spectaculaire par l’absence de cravate. J’ai dit nous. A cette époque j’avais une sorte de liaison avec Rose Serror. C’était une fille d’allure sportive, pas très belle, supérieurement intelligente. Un jour, quelque temps avant la soirée dont je parle, elle m’avait dit :

—Il va falloir que je rompe avec toi.

—Bien. Il y a une raison ?

—Mon père.

—Il est choqué par le fait que tu aies une relation hors mariage ?

Elle haussa les épaules :

—Pire encore. Tant que je sors avec des goyim il s’en moque. Mais comme toi tu es un demi juif, il fait des projets de mariage. Je lui ai dit que pour moi cela n’avait aucune importance parce que je suis athée. Il m’a répondu que peu importait que l’on soit athée à condition d’être juif. Il m’agace. Tu n’as pas envie de m’épouser par hasard ?

—Je n’y ai jamais songé.

—Tu me rassures.

Je la pris par les épaules :

—Alors,  on rompt ? Quand ?

—D’accord, on rompt, mais il n’y a pas le feu.

En fait, nous n’avons jamais formellement rompu. Elle est simplement partie faire un séjour au Canada et elle a rencontré un professeur de physique qu’elle a épousé. Il était juif et athée. Ils vivent à Toronto où elle enseigne la littérature française. Je fais un crochet par chez eux lorsque je vais dans l’Ontario pour le boulot. Ils sont absolument délicieux, et fous de leur petit dernier.

Revenons à la soirée du 11 Octobre. Rose et moi étions toujours plus ou moins ensemble. Hugo, lorsque je lui ai présenté Rose, a poussé des cris de joie et s’est exclamé :

—Ma chère, je devrais vous baiser la main pour rester dans mon personnage, mais l’amie de mon cher ami est plus qu’une amie ! Permettez que je vous embrasse.

Et de lui donner deux gros baisers gourmands. Je trouvais qu’il en faisait trop.

Nous devions être une douzaine à table, ce soir là. Chez Hugo Vanmeer, on ne cherchait jamais à équilibrer la table en invitant autant d’hommes que de femmes. Les invitations tenaient compte de l’effet escompté en raison de la qualité des convives, mais jamais du sexe. Il n’était pas marié et l’avait peut-être été. On entrevoyait quelquefois entrant ou sortant de chez lui quelque créature spectaculaire qui se hâtait entre la voiture et la porte. Personne n’a jamais pu savoir qui c’était. Mon opinion, que je me suis bien gardé de partager avec qui que ce soit, était qu’il s’agissait de call-girls.

Il manquait deux convives. Ils sont arrivés avec une vingtaine de minutes de retard. Je les connaissais tous les deux. Lui, Raymond Flavant, parce qu’il avait fait ses études de droit avec moi. Elle, Monique Thoreau, parce qu’on la voyait partout où l’on voyait  Raymond. Il était acquis dans l’opinion générale qu’ils allaient se marier, et nous attendions tous le jour où nous serions invités à sabler le champagne à l’occasion de fiançailles officielles. Des jeunes gens bien ordinaires ? Non et non. Un couple exceptionnel car exceptionnellement beau. Grands, blonds, solaires dirais-je. Les voir entrer ensemble, était voir entrer Apollon et sa sœur la Chasseresse. Mais il fallait dépasser cette double image et savoir apprécier aussi l’intelligence et la culture de Raymond, la sensibilité et la  douceur de Monique : il y avait des êtres humains vivants  sous ces statues inspirées de l’antique. Rose les rencontrait pour la première fois. Elle me dit :

—Stupéfiant !  Lorsqu’on les regarde, on se demande vraiment lequel est le plus beau.

Moi, je savais.

J’étais assis à la gauche de Hugo Vanmeer, ce soir là. A l’entrée de Monique et Raymond son regard s’était immédiatement porté sur eux. Monique était royale. Ses cheveux étaient formés en cette coiffure qui était à la mode à l’époque et que l’on réalisait en assemblant des multitudes de petites boucles qui formaient une sorte de casque du front à la nuque. Elle portait une robe blanche décolletée que  deux centimètres de moins auraient fait passer de l’élégance à l’indécence. Elle avait la poitrine haute et ferme, la jambe longue et délicatement musclée. Le phantasme de nombreux hommes. Des  regards lourds ou rêveurs se posaient sur elle ce soir là, qui avec des lueurs d’admiration, qui avec des lueurs de désir ou d’envie. Mais ce n’est pas elle que Vanmeer regardait.

Il se trouvait que je venais de lire Havelock Ellis, et plus particulièrement Sexual Inversion. On peut disputer sur le bien fondé de ses théories, sur le fait qu’il pouvait avoir des préjugés provenant de sa propre existence, discuter d’une éventuelle influence freudienne, se demander s’il n’avait pas parfois confondu transsexualisme avec homosexualité. Il n’en reste pas moins que ses observations cliniques étaient d’une grande précision. Le regard de Hugo s’était posé sur Raymond. Il avait détaillé sa poitrine de jeune athlète, caressé son cou et son visage. Ses yeux s’étaient attardés sur les cuisses puissantes que l’on devinait sous le pantalon léger. La conclusion à tirer était simple : Hugo Vanmeer était homosexuel et il était amoureux de Raymond. Pendant que je pensais cela, Hugo, avec une élégance de prince florentin s’inclinait sur la main de Monique.

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 10:07

Je mettrai en ligne lundi la première partie de cette histoire.

Tout le monde s'est-il bien inscrit sur le blog ?

A très bientôt !

                               D. M. Benoliel

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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 10:50


Mes chers Amis,

Tous vousuivez mes divagations depuis un certain temps déjà et je vous en suis reconnaissant.

Pour vous en remercier,  dans quelques jours, je vais publier sur le blog un mini-roman policier.

En fait, il s'agit d'une nouvelle intitulée " Mulier tacit" qui fait partie du recueil "Couples" paru en 2009 qui est épuisé.

Cest un récit ou des histoires d'amour s'entrecroisent, entre hommes et femmes et entre hommes et hommes. L'amour qui est souvent l'injustice suprême, parfois indissociable des pulsions de mort.

Pour des raisons de place, ce texte ne sera pas accessible sur Facebook, ni sur Linkedin.

Ceux d'entre vous qui ne sont pas abonnés au blog "Le Jardin des Papyrus" pourront le lire en y accédant par http://le-jardin-des-papyrus.over-blog.com .

Ils pourront également en profiter pour indiquer leur adresse de courrier électronique afin de recevoir régulièrement ce qui sera publié.

A bientôt, je l'espère.

Amicalement à tous,

                                                  D. M. Benoliel

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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 12:49

Chère Lyliane,

Merci de ton message. Il est est agréable d'être apprécié par ses pairs. Lorsque je dis "pair" par rapport à toi, je me vante, parce que c'est toi le peintre à part entière.

Donne-moi de tes nouvelles et dis-moi si tu as pu terminer l'installation de ton atelier.

L'écriture ? J'ai mis la dernière main à une comédie romantique qui pourrait sortir dans le courant de l'année sous le titre "Un mariage de raison". D'après mon éditeur cela fait XIXème siècle, mais cela n'étonnera aucun de ceux qui me connaissent.
Je me suis également remis à un thriller qui s'appelle provisoirement "Du fonds de mon sommeil". C'est l'histoire d'un homme qui se réveillant de 18 ans de coma découvre que sa femme a été assassinée.

Comme tu es une amie, je joins à ce message une vision revisitée avec mon "nouveau style" d'une photographie que j'ai prise au Maroc au début des années 1960. Baudelaire a écrit qu'il fallait être ivre "de vin, de poésie ou de vertu". Pourquoi pas de couleurs ?

Très amicalement,

                                                           DMB

Tiznit-NE-2.jpg

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 17:34

Vous avez dit : « inspiration » ?

Les quelques proches qui manifestent un peu d’intérêt pour ce que j’écris…

Quelques ? Oui, je dis quelques pour ne pas dire peu, car celui qui n’est pas consacré par les trompettes de la renommée trouve moins de personnes s’intéressant à ce qu’il fait parmi ses proches que parmi les quasi inconnus qu’il lui arrive de rencontre.

Donc, disais-je, ces quelques proches me demandent assez fréquemment : « Comment trouves-tu les idées pour tes romans ? Quelles sont tes sources d’inspiration ? Tes lectures, tes souvenirs de la vie professionnelle, tes envies, ta propre existence, tes… ta… ? »

Je suis bien embarrassé pour répondre car le hasard, l’inconscient, y jouent un rôle considérable dont je ne réalise pas nécessairement comment ils sont intervenus. Cependant je crois avoir trouvé un moyen pour illustrer cette « démarche » et je vais tenter de vous l’exposer.

Comme par hasard, cela est le résultat d’un pur et simple… hasard.

J’ai peu de vices, mais puissants, vous connaissez l’un : écrire. L’autre est le résultat d’un petit chromosome qui court dans la famille et que je tiens de mon oncle Joseph, que je n’ai jamais connu car il est mort à l’age de 23 ans, avant ma naissance : peindre. Pendant de longues années, cela a constitué parallèlement à ma vie professionnelle, ma « machine à « déstresser. »

Je vais donc vous exposer la démarche curieuse qui a conduit à un petit tableau actuellement accroché dans ma maison.

Je ne sais plus qui a dit que « le dessin est le solfège du peintre ». Je ne sais pas si c’est exact, mais l’idée est jolie. Je fais donc de temps en temps des gammes et pour celles-ci j’aima à me servir d’un stylo-pinceau japonais dont je ne vous dirai pas la marque pour montrer que ma démarche n’est pas mercantile.

Je me suis rendu au Parc de Vaux-sur-Mer et, installé sur un banc, j’ai fait un croquis très rapide de la petite île qui se trouve au centre de l’étang. Cela a donné ceci :

 

numerisation-0001.jpg

  
J’eus alors envie de reproduire un détail pour en faire un motif à part entière et me déplaçai vers le bord pour essayer de saisir les herbes et leur reflet dans l’eau. L’image devint la suivante :

numerisation-0002.jpg

 

Rentré chez moi, je déposai le cahier de  croquis sur la planche à dessin de la pièce de 10 m² qui sert de bureau à mon épouse et moi, et de studio de peintre à moi-même et mes petits enfants lorsqu’ils sont de passage.

Le lendemain, en le feuilletant, je me dis que ce croquis pourrait bien servir de base à une aquarelle et je m’y lançai incontinent. Des raisons pressantes, d’une certaine gravité,  accaparèrent mon temps et mon attention et je dus la laisser non terminée dans cet état :

numerisation-0003.jpg

 

Je dus ranger à la hâte mon arsenal et mes croquis à l’encre et l’aquarelle et me désintéressai de ce que je venais de faire pendant plus de deux semaines. Etant donné que je ne dispose que d’un volume réduit, et que j’avais rangé mes projets à la hâte, j’eus quelque peine à les retrouver. En fait il se trouvaient à l’endroit le plus inattendu : celui où ils devaient être. Comme les feuilles à dessins étaient empilées n’importe comment, lorsque l’aquarelle à peine entamée reparut, elle était à l’envers, comme ceci :

numérisation 0004

 

  

 Dans cette position inattendue, le bord d’étang me paraissait devenir un paysage se reflétant dans l’eau. Pour l’abstraire un peu plus, je soumis à l’épreuve du photocopieur pour n’en garder que les ombres et les lumières :

 numérisation 0005Cependant, pour y voir un paysage, il fallait lui donner une échelle et « l’habiter » et il n’y a pas de meilleure échelle et occupation que l’homme. L’homme ou ce qui permet d’évoquer sa présence.

Je pris donc un mine de plomb et sculptai lourdement des formes dans les ombres pour évoquer des maisons qui pourraient se refléter dans l’étendue d’eau devant elles :

 numerisation-0006.jpg

Cette fois, le paysage apparaissait. Il avait son rythme, son existence propre. Il suggérait d’autres moyens de l’atteindre. Des envies inexprimées clairement jusque là foraient leur chemin jusqu’à ma conscience.

Il me fallait pour le mettre au monde un panneau de bois, y tracer un croquis sommaire au pastel gras. Il me fallait de la couleur, des couleurs, de l’huile. Les premiers traits à la brosse ne me plurent pas et je les enlevai rapidement au couteau. Alors la folie s’empara du barbouilleur que je suis : je plaçai sur le panneau deux bleus, du blanc pour mélange, du blanc couvrant, du médium pour huile à l’eau et les étendis à larges mouvements de la main et de l’avant bras au moyen d’une carte de crédit (périmée, je le précise pour ne pas affoler mon banquier s’il lui arrivait de tomber sur ces lignes).

Le ciel apparut dans ses formes principales en quelques minutes. Je poursuivis en sculptant les autres formes au moyen de spatules en silicone. Il se créa ainsi des formes floues que je n’aurais pas imaginées et qui même dans cette exécution à l’huile avaient conservé un peu de la fluidité de l’aquarelle que j’avais imaginée.

Cela a amené ce petit tableau que nous appellerons entre nous « L’étang qui n’existe pas vraiment ». Huile sur panneau de contreplaqué, 50 x 60 cm. Vous penserez certainement que cela ne vaut pas grand chose (je ne parle pas de prix), mais je me suis follement amusé.

De toute façon, je n’avais pas pour objet de vous faire admirer ma peinture, mais de montrer comme l’imagination  fait son chemin pour aller de prémisses souvent minimes à un résultat terminé, je n’ose pas dire achevé.

Il en est de même pour un livre. En ce qui me concerne, je pars souvent d’un personnage, il a une vie et un environnement. Lorsque j’ai trouvé le ton sur lequel il s’exprime, il va pouvoir aller vers le monde.  Comme à nous tous, il lui arrivera des aventures qui lui ressemblent. Qu’il soit Siméon Herrero, auteur de roman policier aspiré par une enquête ou bien Brent Chadeniers emporté par le charme de la belle Sophia dans un tourbillon meurtrier. Ou bien encore, Johan Goldberg, rétif au mariage qui va suivre les méandres d’une comédie romantique pour faire un « Mariage de Raison ».

 

0007.JPG

 

 

Très amicalement à tous,

                                                                                         David Max Benoliel

 

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 11:16

Mes chers Amis,

J'ai présenté ma candidature à la manifestation du Salon Littéraire de Royan-Pontaillac qui aura lieu le Dimanche 17 juin 2012 de 10 heures à 19 heures sur l'Esplanade de Pontaillac, et dont l'intitulé est "Des écrivains à Pontaillac".

L'invitation vient de m'être transmise par la Présidente de l'Association Générale de Pontaillac qui en est l'organisatrice.

Je présenterai "Le jeu des assassins" et "La mort en héritage", celui-ci devant être disponible sous quelques semaines.

"Le jeu des assassins" participera au Prix Littéraire du Roman de Plage qui sera décerné le jour du salon.

Tous ceux d'entre vous qui demeurent à proximité de la côte atlantique auront je pense l'occasion de faire un tour à ce salon. Pour les autres, ce pourrait être l'occasion d'un week-end à Royan.

A tous, j'aurai grand plaisir de serrer la main.

A bientôt ?

DMB

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 16:33

Je ne voudrais pas que vous croyiez que pendant que je demeurais silencieux je paressais voluptueusement. Comme l'actualité nous le rappelle quotidiennement : le crime poursuit sans cesse son activité indieuse. J'ai donc, jour après jour, tissé la trame d'une sombre histoire dont le titre est : "La Mort en héritage".

Brent exerce la profession peu romanesque d'acheteur dans une société de B.T.P. Sa profession va lui faire rencontrer l'attachée de presse d'un client important (qu'il désigne comme "le pape de la mirabelle en boîte"), la belle et un peu énigmatique Sophia. De l'attirance au mariage en passant par l'amour fou, il n'y aura que peu de mois. Cinq ans plus tard, ils sont doucettement installés et parents d'une adorable petite Sylvia. C'est alors, au cours d'une nuit hallucinante, que Brent va découvrir que Sophia est un tueur en série.
Déchiré entre l'amour fusionnel qui le lie à sa femme et la nécessité de protéger leur enfant, il va prendre des décisions terribles qui vont quasi anéantir sa personalité. Huit années plus tard encore, ce passé va ressurgir et mettre de nouveau son existence et sa santé mentale en péril.

Dans mon thriller précédent, "Le Jeu des assassins", la présence parmi les protagonistes de Siméon Herrero, auteur de romans policiers, permettait à travers son humour et son pragmatisme, d'avoir un certain détachement par rapport au drame qui se jouait.
Dans "La Mort en héritage", Brent est profondément impliqué et peut difficilement s'abstraire du drame, même s'il veut réagir et faire front avec positivisme.

Il y a bien sûr une belle enquêtrice (j'ai un faible pour les belles enquêtrices), mais vous la connaissez déjà : dans "Le Jeu des assassins" elle était l'adjoint principal du Commissaire Sonnelier : Fedora Orloff.
Elle a quitté la police pour suivre son autre vocation : elle est devenue analyste consultante en matière de meurtres en série. Il lui faudra faire des incursions dans un passé parfois lointain pour trouver les causes d'abord, la solution ensuite d'une série de meurtres à l'arme blanche.
La fin de l'histoire sera-t-elle horrible, romantique ou les deux ?

La mise en page est terminée. L'imprimeur va revoir les épreuves. La fabrication va commencer dans peu de semaines.
Un mot pour provisoirement terminer. J'ai toujours dit que je m'étais follement amusé en écrivant "Le Jeu des assassins" et on me l'a reproché vivement, compte tenu de l'horreur de l'histoire. Les reproches vont pleuvoir, car l'horreur du petit dernier est psychologiquement plus grande... et je me suis encore plus amusé !
Désolé... enfin, pas vraiment.

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 13:03

    Cela fait quelque temps que je ne suis plus venu à votre rencontre. Des occupations diverses, dont certaines stressantes, m'ont écarté plusieurs mois du plaisir de retrouver votre amitié.

Malheureusement, nos retrouvailles vont débuter par une triste nouvelle.

Dans mon roman "Le Voyage d'hiver", Monty, le narrateur faisait avec Agnès, sa jeune demoiselle de compagnie, une halte à Eugénie-les-Bains au cours de laquelle il prenait le thé avec elle dans le jardin de l'Hôtel Thermal. Je le racontais comme suit :  

 

Dans le beau pays de France, les endroits où l’on sait servir agréablement le thé sont rares. Ici, tout était quasiment parfait, la porcelaine de Sèvres à fleurs pouvait rivaliser avec le Royal Doulton. La passoire en argent rappelait le style Queen Anne revu pour le Second Empire. L’odeur du Yunnan Impérial flattait nos narines, et les scones, les toasts, les petits pains fourrés de mousse de canard et la confiture d’oranges amères n’attendaient que le moment de rejoindre nos papilles. Au regard de ma compagne vers la table élégamment dressée, je compris immédiatement qu’elle ne dédaignait pas un certain décorum pour satisfaire son appétit. Une aimable jeune femme en robe à fleurs mauves nous invita à prendre place. Elle tint ma chaise pour que je puisse m’approcher de la table. Il faut bien que l’âge présente quelques avantages. Ce ne fut qu’une fois assise qu’Agnès remarqua le massif près duquel nous étions installés et qui se composait de hampes fleuries bleues et blanches. Au centre de ce massif était dressée une statue, point ancienne certes, XIXème certainement, mais pleine de charme.

Une très belle femme, un visage souriant et à l’expression vive et accueillante, un buste nu révélant deux seins ronds et pleins sans excès, le haut de sa robe retombant assymétriquement  et montrant une taille mince et musclée au dessus de hanches solides. Sa coiffure était une sorte de longue et épaisse tresse entremêlée de feuillage. Ses bras soutenaient un plateau chargé de fruits avec le geste gracieux d’une porteuse d’offrande.

—Oh ! s’exclama Agnès. Pomone ! Qu’elle est belle ! Quelle idée charmante d’avoir fait servir le thé à cet endroit.

 

J'ai choisi de placer cette scène à cet endroit car je le connaissais pour y être allé en compagnie d'un couple d'amis et de mon épouse et nous y avions pris le thé. J'avais été séduit par le calme, la verdure et le charme un peu suranné des lieux : l'hôtel où descendait l'impératrice Eugénie est juste en face. La statue de Pomone était encore plus belle que je la décris. Je n'ai pas voulu dans le livre insister sur l'attirance que j'ai pour les femmes de la statuaire romaine. Certes les Vénus, les Minerve, les Artémis grecques ont la beauté idéale de l'intemporel. Elles sont d'une perfection dont il faut bien reconnaître qu'elle n'est pas de ce monde.

Les femmes sculptées par les Romains sont des personnes que nous pourrions rencontrer dans la rue. Ce sont, bien qu'en pierre des êtres de chair, cette chair d'autant plus émouvante qu'elle n'est pas parfaite et qu'elle est fragile. Certes la Pomone d'Eugénie-les-Bains n'est pas une antiquité. Elle est de facture certainement XIXe siècle, mais elle a si bien repris l'esprit du temps que nous la verrions fort bien dans l'atrium de Cicéron ou les jardins de Pétrone.
Nos enfants nous ayant offert en cadeau de Noël un séjour à Aire-sur l'Adour, nous avons voulu retourner à Eugénie-les-Bains pour revoir Pomone et en faire des photographies. Nous l'avons cherchée en vain dans tout le parc, ne retouvant pas l'endroit où elle pouvait se trouver et qui paraissait avoir disparu.
Mon épouse interrogea un jardinier : "Ah ! Madame, s'exclama-t-il. Il y a eu une tempête. La foudre a frappé l'arbre près duquel elle était. Il s'est abattu sur elle et elle a été brisée en mille morceaux. Il ne reste plus, là-bas, que le socle."
J'ai vivement regretté la belle Pomone, mais je me suis dit que si les tempêtes de la vie pouvaient nous enlever ceux qui nous sont chers, pourquoi n'en serait-il pas de même des statues ? Même de la belle Pomone.
Je suis désolé de ne pouvoir vous joindre la photographie de la belle déesse de l'automne et des fruits. Pour vous consoler, j'illustre ce billet par une photographie de la statue de Vénus qui faisait pendant à la disparue. Ce ne sont pas les mêmes fruits, mais je vous invite à les cueillir alors qu'il en est temps encore. Si c'est possible.

 

Venus.jpg

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 09:49

Ah, mes amis ! J'ai découvert un lien curieux entre la littérature et la météo.
Je vous avais annoncé, non sans un poil de triomphalisme je dois l'admettre, mes trois séances de dédicace de la semaine dernière.  La météo m'a rabattu mon caquet pour les deux premières. Malgré le mois de juillet dont le soleil triomphant commémore jusqu'à nous la gloire de Jules César, les dieux qui contrôlent le climat ont fait souffler sur la Charente Maritime des bises aigres faisant chuter la température et tomber la pluie. Une Berezina pour les auteurs en mal de dédicace sauf pour Véronique Courtet-Rodier. Il faut dire qu'elle présentait ses ouvrages sur les recettes de la cuisine charentaise dont il n'est pas osé de dire qu'elle est réchauffante et faite pour les rigueurs de la côte atlantique.
Comme Véronique est joyeuse, extrêment sympathique et fait tout pour attirer l'attention sur les livres des auteurs qu'il y a près d'elle (dont votre serviteur) il est impossible de lui tenir, précisément, rigueur.

Heureusement, quelque sacrifice ayant apaisé les dieux, le dimanche a été clément et le temps a été agréable pour le Salon du Livre de Mortagne sur Gironde. J'ai fait une autre découverte à cette occasion.
Très naïvement, je pensais qu'à notre époque le roman policier, le thriller, les histoires d'espionnage, les chasses au tueur et autres avaient conquis non pas seulement les vitrines des libraires mais une place normale dans la littérature.  Cela n'est pas le cas.
Les personnes qui sont venues à mon stand pour s'entretenir avec moi (de parfaits inconnus) se sont intéressées au "Voyage d'hiver". La découverte que font l'un de l'autre un vieux monsieur et une toute jeune femme, les liens de grand père à petite fille qui se tissent entre eux, le tout recouvrant une histoire d'amour remontant à plusieurs dizaines d'années,  constituent un sujet qui interroge.
Le "Jeu des Assassins" par contre, quelles que soient ses qualités, ne suscite pas une telle attention, même pas au niveau de la critique : c'est un livre "du second rayon", dans la même catégorie que les films de série B. Penchons nous un instant sur cette question.

Qui dit "second rayon" n'entend pas nécessairement par là "roman de gare". Il en est certains qui ont fait la fortune de leur auteur. On peut ne pas apprécier - ce qui est mon cas - "Serena" de Barbara Cartland. Ma mère adorait : elle a dévoré "Serena", "La fille de Serena" et d'autres (j'ai oublié s'il y avait une petite-fille). Nous pouvons critiquer ; nous devons nous demander si Mme Cartland n'avait pas une forme particulière de talent pour devenir milliardaire en publiant ses histoires sentimentales.
Tel n'est pas mon propos. Le second rayon comprend depuis quelques dizaines d'années des séries qui ont conquis le public d'abord, des critiques ensuite, l'attention des grands éditeurs enfin : le roman policier, la science fiction et le fantastique.

Certes, c'est comme certains l'on dit "une littérature de détente". Je reconnais volontiers que lorsque l'on a besoin de donner du repos à son esprit, l'on prend plus facilement en main "Le Vallon" d'Agatha Christie que le "Satyricon" de Pétrone ou les  "Prolégomènes à toute métaphysique future" de Kant.

Il n'en demeure pas moins que ces trois types de littérature sont le reflet de problèmes de notre époque que nos contemporains refusent la plupart du temps de se poser clairement. Le roman policier nous parle de notre peur de la violence et de notre crainte de la mort. La science fiction raconte des histoires où l'on affronte l'angoisse du futur et le devenir de l'homme. Le fantastique, enfin, relate simplement la lutte quasi métaphysique entre le bien et le mal, sous quelque forme que l'on puisse les rencontrer.
C'est ainsi que l'écrivain, si modeste qu'il soit, peut contribuer a faire prendre conscience de ce qu'en face de toutes ces difficultés, nous pouvons réfléchir, faire face et agir. Alors, n'ayez pas honte de votre attachement à Agatha Christie, au Lieutenant Kijé ou à Van Vogt.
Cependant que votre perspective, peut-être nouvelle, de ces livres que vous aimez ne doit pas vous faire oublier que le plaisir et la joie ne doit pas être bannie. Les auteurs non plus n'échappent pas aux petits plaisirs de la littérature : en écrivant "Le Jeu des Assassins", je me suis follement amusé.
Amicalement à tous,

                                                                 D. M. Benoliel

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 10:59


Parmi mes nombreux défauts, il ne faut pas oublier un des principaux : j'aime l'opéra.
2011.08.04 DON PASQUALE A PANLOY

 

Parmi ceux qui me connaissent ou qui ont lu "Le Voyage d'Hiver", nul n'ignore que j'ai un faible pour l'élégance raffinnée à dimension humaine du château de Panloy. J'y ai d'ailleurs situé une scène importante du roman, celle où la jeune Agnès décide que ses rapports avec Albert (70 ans) qui l'a recrutée comme demoiselle de compagnie seront ceux d'une petite fille avec son grand-père.

Dans ce même roman, il y a aussi une scène d'opéra, mais qui ne se déroule pas à Panloy (ce sera dans un autre roman) mais au festival d'Aix-en-Provence. C'est la première fois que la jeune femme va à une telle représentation. Albert, qu'elle appelle Monty, lorsqu'ils atteignent leurs sièges, lui décrit comme suit l'ambiance :

 

 

- Vous m'avez dit que c'était la première fois que vous assistiez à une représentation d'opéra. Cela mérite un petit liminaire. L'opéra est un des raffinements les plus subtils que puisse offrir la civilisation occidentale. Songez à tout ce qu'il faut pour aboutir à un spectacle comme celui auquel nous allons assister. Des compositeurs géniaux, Rameau, Mozart, Gluck, Vivaldi, Bizet, Richard Strauss, Britten. Des librettistes jonglant avec la langue : Da Ponte, Hugo von Hofmannshal. Des orchestres prestigieux, de grands chefs, des metteurs en scène, des décorateurs, des machinistes. Et par dessus tout , des voix, des graves, des aiguës, des choeurs. Des répétitions interminables, du travail quotidien, des caprices de diva alliés à l'austérité de la préparation d'un coureur de Marathon. Et tout cela, ces jours, ces mois, ces années d'efforts concentrés pour nous ce soir afin de nous donner trois heures de rêve dans un ailleurs absolu. Spectacle d'autant plus précieux qu'il est ephémère, que la linéarité du temps fait qu'à peine la première note jouée, il va se dérouler irrévocablement jusqu'à sn terme sans possibilité de revenir en arrière, sans pouvoir être rejoué à l'identique.

- Je comprends bien, Monty, mais le disque, mais le film ?

-Bien sûr, ils sont précieux. C'est grâce à eux que nous pouvons dans l'intimité de notre chez nous réécouter et revoir Kiri Te Kanawa. Cependant le chant est vivant, une interprétation par la même cantatrice n'est jamais tout à fait la même ni tout à fait une autre. Adalina Mercandez va ce soir nous éblouir dans le rôle de Dorabella, mais si demain elle nous rechantait tel ou tel de ses Aria, il ne serait pas tout à fait le même car la voix est l'instrument le plus extraordinaire, mais aussi le plus délicat.

- Je comprends bien, mais pourquoi sommes-nous ici ce soir, si ce n'est pas totalement par goût de l'opéra ?
    Je me tus pendant quelques instants :
- Voyez-vous, Agnès, si notre civilisation aime tant l'opéra - les grandes cantatrices et les grands chanteurs sont entourés d'une adoration quasi religieuse - c'est qu'à l'opéra le spectacle n'est pas seulement sur la scène. La salle et ses abords jouent un rôle essentiel : une société s'y donne en spectacle à elle même, que l'on y vienne en habit ou en robe de soirée comme jadis, en tenue un peu recherchée comme vous et moi, et même...
Je lui désignait un monsieur ventru et barbu à la tête de chanteur grec qui était vêtu d'une sorte de fouquia largement échancrée sur une poitrine velue où une grosse médaille en or scintillait entre deux touffes de poils. Plus loin, un autre à la mine austère portait une veste de skipper rouge en tissus imperméable. Quelques dames, vêtues commes des pauvresses, mais parées de diamants et d'émeraudes.
- Il faut faire son entrée, faire la bise à ses connaissances, être vu au buffet savourant le champagne ou le perrier.
- J'ai bien compris, me dit ma jeune amie, il faut être le spectacle dans le spectacle, et  le comble du raffinement, c'est bien sûr d'arriver au bras d'une belle créature, totalement inconnue, élégante comme
une déesse, souriante, distante et mystérieuse.

- Vous avez tout compris.

Naturellement la représentation à Panloy n'aura pas le faste des grands festivals internationaux, mais l'ambiance et l'élégance y seront. Don Pasquale, de Donizetti, est un opéra bouffe en 2 actes qui raconte les avatars d'un vieux célibataire cédant aux charmes de la belle Norina et du mariage.
Il sera joué par la troupe de la Comagnie d'opéra de Westminster sous la direction artistique de Guy Hopkins les 4 et 5 août prochains à 20 heures 30. Cela sera d'autant plus intéressant que cette compagnie qui se consacre à de jeunes artistes a choisi Panloy comme lieu de charme et de dépaysement.
Le châtelain, Monsieur de Grailly, attire l'attention de tous sur le fait que pour parfaire l'ambiance britannique nous pourrons apporter nos paniers pour dîner sur l'herbe à partir de 19 heures, ainsi que cela se fait, somptueusement à Glyndbourne et plus modestement dans le parc de Hampstead.
La réservation se fait par téléphone au 05 46 91 73 23 (billets à 25 €).
Avec un peu de chance, nous pourrons essayer de nous y rencontrer le 4. Le 5, mon épouse et moi assureons le coucher de nos petits enfants pendants que notre fils et son épouse seront au spectacle.
Très amicalement à tous,
D.M. benoliel

 



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